Symbolisme des pieds nus.

Bien que le titre peut prêter à sourire, le sujet n’en est pas moins sérieux et relève d’une symbolique très ancienne. Dans le symbolisme du corps humain, la tête appartient au monde ouranien et solaire. La tête est la partie céleste de notre corps. Les pieds, tout logiquement, sont la partie terrestre de notre corps, car ils nous relient au monde chtonien et à la Terre-Mère. C’est avec nos pieds que nous foulons la terre. Pieds et tête forment ainsi l’axe vertical qui nous unit entre terre et ciel, ils sont les points extrêmes de la verticalité de notre arbre cosmique intérieur.

Comme nous avons pu le voir avec le symbolisme des souliers, ces derniers génèrent une rupture entre l’homme et la terre, permettant de ce fait une concentration sur les forces célestes de l’être, la partie purement ouranienne. Les pieds nus sont donc tout le contraire. Car fouler la terre avec des pieds nus favorise un contact vivant avec la terre. Toute l’énergie des forces chtoniennes circule alors par les pieds au travers de tout le corps humain. L’être humain qui foule la terre avec ses pieds nus devient complètement réceptif aux énergies telluriques qui émanent de notre Terra Mater.

Dans la tradition païenne des anciens Germains et Celtes, il était recommandé de se promener pieds nus dans l’herbe durant les premières rosées matinales du mois de Mai. Ceci favorisait l’interaction entre l’homme et les forces du printemps. L’être humain pouvait alors s’emplir de toute l’énergie que véhicule le printemps. C’est la saison où renaissent toutes les forces vives de la croissance et de l’abondance, une saison bénie par la Terre-Mère, Déesse à laquelle est justement dédié le mois de Mai. Tous les éléments liés à la fécondité et fertilité se concentrent dans le symbolisme de cette coutume : le printemps, l’eau (la rosée), la Terre-Mère, et les pieds nus. Selon le folklore, marcher dans cette rosée printanière est ce qu’il y a de mieux pour renforcer la santé et repousser tout genre de maladie. Il est d’ailleurs conseillé de le faire après Pâques, car c’est le moment où les forces du printemps sont au plus fort de leur mouvement cyclique, alors qu’avant Pâques, c’est la période du bourgeonnement, les germes n’ont pas encore donné toute leur puissance. Ce contact entre pieds nus et terre printanière permet tout type de croissance. C’est ainsi par exemple qu’en Bohème on dit encore de nos jours que marcher pieds nus en formant un cercle, on favorise la croissance des cheveux. Le cercle dans ce cas est bien-sûr une allégorie des cycles et de l’éternel retour.

Mais, il y a toujours un «mais», on ne devrait pas croire qu’il est bon de marcher pieds nus à n’importe quelle période de l’année. Car en effet, il existe des moments dans notre cycle annuel où les effets sont exactement à l’opposé de ceux liés au printemps. Dans les traditions germaniques de nos ancêtres païens, il était fortement déconseillé par exemple de marcher pieds nus sur la terre au moment du solstice d’été, et en règle générale durant toute la phase descendante du cycle solaire, entre les solstices d’été et d’hiver. On croyait que les démons de l’inframonde pouvaient alors pénétrer le corps d’un homme, le menant vers la maladie et tout le côté obscur des forces cycliques. De même, on disait dans la région de Mecklenburg en Allemagne, que lorsque chante un coucou, il vaut mieux porter des souliers aux pieds. Il faut savoir à ce propos que le coucou est relié symboliquement aux mauvais esprits, chose que l’on retrouve encore actuellement en allemand. Pour traduire l’expression moderne «que le diable t’emporte», on dit «Hol dich der Kuckuck» (que le coucou t’emporte). En portant des chaussures, on évite le contact avec ces mauvais esprits qui emplissent le monde souterrain à certaines périodes de l’année. Jadis, il était également fortement recommandé en Prusse Orientale de ne jamais marcher avec juste un seul pied nu. Car les adultes deviennent ainsi malades et les enfants ne connaîtront jamais la richesse.

Durant votre prochaine ballade en nature, faites donc cette agréable expérience de marcher pieds nus sur notre bonne vieille Terre-Mère, fermez les yeux, et laissez vous emplir de toute l’énergie vitale que vous offre la grande Déesse.

Hathuwolf Harson

Sources :
«Kleines Lexikon des Aberglaubens», Ditte und Giovanni Bandini

Symbolisme du soulier=>https://www.facebook.com/230064080465741/photos/a.305926009546214.1073741844.230064080465741/552246114914201/?type=3&theater